Cette année, Yohann et moi consacrons notre cours de Zhineng Qigong à la pratique de la seconde méthode de cette discipline : Xing Shen Zhuang; la forme du corps et de l'esprit. A travers cet article, je vais tenter de présenter plus en détail les enjeux de cet enchaînement : en quoi consiste cette forme ? à quoi ressemble-t-elle ? quelles en sont les caractéristiques ?
Xing Shen Zhuang forme un enchaînement de 10 pièces (+ une ouverture et une fermeture), lesquelles proposent au praticien d'ancrer son esprit dans son corps, ainsi que de nourrir et de renforcer le corps et ses tissus (os, tendons, muscles) de la tête jusqu'aux pieds.
Voici, à grands traits, comment elle se structure : cervicales/tête (1ere pièce), omoplates/épaules/coudes/poignets/doigts (2e et 3e pièces), côtes (4e pièce), colonne vertébrale (5e pièce), bassin (6e et 7e pièces), hanches/genoux/chevilles (8e et 9e pièces), globalité (10e pièce).
Cette première présentation impose d'ores et déjà deux commentaires :
1- ÉQUILIBRER LE HAUT ET LE BAS : Lors de sa transmission, les pièces ne sont pas effectuées strictement dans l'ordre, de manière à ce que chaque séance permette d'équilibrer le travail du haut et du bas du corps.
2- LE CORPS UNIFIÉ : Si chaque pièce semble à première vue prendre en charge une section isolée du corps, le raffinement de la pratique vise à prendre conscience des mouvements globaux à l’œuvre : par exemple, le mouvement de la tête mobilise le corps jusqu'au bassin, puis jusqu'aux chevilles, selon les trajectoires des fascias et des méridiens.
Ainsi, si la pratique semble "découper" le corps au premier abord,
c'est pour mieux en montrer les ramifications par la suite.
Bien, mais alors, à quoi ça ressemble concrètement ?
Cette vidéo, tournée avec le Laoshi (professeur) Wei Qi Feng, vous donnera un premier aperçu de la forme dans sa globalité :
Comme vous pouvez le voir, Xing Shen Zhuang se caractérise par sa lenteur, son caractère relativement statique et la précision de ses gestes. Wei Qi Feng explique ce parti-pris à travers trois énoncés que je commente ci-dessous :
"Les mouvements sont simples mais difficiles à réaliser" : réalisées correctement, les différentes pièces occasionneront quelques douleurs et inconforts aux praticiens, notamment aux débutants. En dépit de leur apparente simplicité, ces mouvements viennent mobiliser des tissus souvent fragilisés et peu mobilisés dans notre quotidien, ainsi que des coordinations rares. C'est pourquoi leur mise en mouvement, en conscience, pourra parfois être difficile : traverser ces inconforts permettra de renforcer ces parties du corps et de les nourrir.
"Le corps oscille entre tensions et relâchements, mais le Cœur doit rester calme" : le Qigong est une pratique de méditation en mouvement. En Zhineng Qigong, le corps et le mental sont mis à l'épreuve par la sollicitation parfois douloureuse du corps, par l'oscillation entre tensions et relâchements (essentielle à la bonne revitalisation des tissus corporels). Pour autant, le Cœur doit apprendre à rester calme, à ne pas transformer les douleurs en souffrances en s'y accrochant. C'est là un apprentissage d'ancrage et de stabilité pour la conscience.
"Les mouvements sont angulaires vus de l'extérieur, mais ronds vus de l'intérieur" : sous l'apparente rigidité de certains mouvements, et en dépit des tensions qu'ils occasionnent, le praticien doit apprendre à détendre ses tissus corporels, à ouvrir ses espaces internes. Ici, la fluidité des gestes n'est pas donnée a priori, elle est le fruit d'une pratique assidue qui transformera les muscles rigides en rivières.
Vous l'aurez compris, Xing Shen Zhuang est une forme exigeante, mais l'intelligence de sa conception et ses multiples apports en font un objet de pratique et d'étude précieux.
Pour faciliter sa compréhension et mieux bénéficier de ses apports, plusieurs exercices complémentaires sont enseignés avec elle. Je les détaillerai dans une prochain article, mais en voici, en attendant, un aperçu en images :
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