Ce projet de recherche se proposer d’étudier une collection de pratiques corporelles contemporaines qui se développent à la croisée de la danse, de l’acrobatie, des arts martiaux et des somatiques. En analysant les hybridations et les brouillages catégoriels opérés par ces pratiques au moyen d’enquêtes ethnographiques et de laboratoires de recherche-expérimentation, cette étude entend mettre au jour de nouvelles configurations du travail corporel dans l’Occident contemporain.

 

Le champ des « danses prophylactiques », dont je fais ici l’hypothèse, se caractériserait par au moins trois critères : les disciplines qu’il recouvrirait s’inscrivent en marge des processus de « sportivisation » (Besnier & al., 2020), font de l’expérience sensible du corps en mouvement dans son environnement l’objet central de leur recherche et se destinent au développement d’un « danser » entendu comme l’expérience d’un mouvement qui se fait à travers soi (Bigé, 2023). Par-delà leur diversité formelle, ces pratiques semblent également trouver un terrain commun sur le plan des fonctions sociales qui leur sont prêtées. En écho avec les observations rapportées par Martha Eddy dans un ouvrage qu’elle consacre à l’évolution des pratiques somatiques en Amérique du Nord (2016), les pratiquant·es vivent bien souvent leur discipline comme un espace où développer à la fois une forme de « robustesse » (Hamant, 2023) corporelle et sociale, ainsi que des capacités d’expression intimes et collectives face à un futur que beaucoup envisagent comme incertain.

 

L’enjeu de cette recherche consistera donc, dans un premier temps, à documenter ces pratiques au moyen d’un travail ethnographique long et multi-situé au sein de différentes communautées et réseaux identifiés en Europe. Pour approfondir les processus de co-construction des savoirs amorcés lors des enquêtes, des laboratoires de recherche-expérimentation seront mis en œuvre afin d’offrir aux acteur·ices de terrain et aux chercheur·euses des espaces de réfléxion collaboratifs.